Hello,
J'ai trouvé plein de choses intéressantes dans ces réactions.
Je rebondis d'abord sur les AMM version bourrin de Piero:
Un diplôme, consacre les compétences d'un individu à un instant T. La qualité et la densité des contenus abordés dans la formation sont importants, mais on est pas plus AEM ou DE nordique dans la semaine qui précède l'obtention du diplôme, que le jour où on a le papier dans les mains.
Le tampon de jeunesse et sport, c'est la validation de l'obtention d'un certain nombre de clés de lectures de l'activité, qui va permettre à un nouveau diplômé de découvrir son nouveau métier. Avant ou après le tampon, on a autant le droit d'avoir envie de cultiver, d'affiner sa passion pour la montagne (à ski ou sur autre chose), de la faire partager. Il y a au moins deux choses qui peuvent changer après le tampon:
- on peut la faire partager contre rémunération
- on peut devenir suffisamment con pour croire, qu'une médaille équivaut à une légitimité accompagné d'une suffisance dans son domaine de compétence.
Je connais des bourrins qualifiés d'AEM, qui piétinaient des fleurs rares et protégées en formation, avant que leur formateur en botanique n'aie eut le temps de les apercevoir.
Si on est vraiment objectif sur les contenus de formation abordés, et le temps qui leur est consacré: un DE ski n'est pas moins formé qu'un AEM aux connaissances du milieu hivernal (patrimoine environnement sécurité)
Ce qui change entre les deux formations:
- une sélection de bourrins glisseurs de compétition plus exigeante.
- une prédominance de l'approche technique du ski dans les contenus de formation, qui fait oublier aux DE ski que leur activité se passe dans la montagne. L'éclat de la médaille de docteur en biomécanique appliquée au ski, est trop éblouissante pour apercevoir la montagne qui se cache derrière tes spatules.
Je connais d'excellents AEM, qui enfilent un costume de clown très rémunérateur pour vendre de la glisse en hiver. Une fois déguisé, ils se transforment en piètres accompagnateurs, car dans l'instant ils n'envisagent pas d'autres choses que de faire briller leur compétences en science de la glisse.
Il reste des clients pour acheter, des diagnostiques techniques, mais il n'en reste plus beaucoup, en tout cas il n'y a vraiment pas de quoi donner un métier à 50 nouveaux diplômés qui entrent sur le marché chaque année. Dans tout le Jura il reste entre 10 et 15 moniteurs maxi, qui travaillent exclusivement en nordique. Ce sont quasiment tout ceux qui ont compris que le ski se pratiquait en montagne. Les autres sont confortablement installés dans des jardins d'enfants ou des queues de remontées mécaniques en alpin. Ce n'est pas péjoratif, ça peut être un beau métier, ça nourrit très bien son banquier, mais je ne vois pas trop le rapport entre leur formation initiale et leur métier.
Si jeunesse et sport était un peu moins laxiste dans les contrôle, ça aiderait les DE nordique à voir ce qui se cache derrière leurs spatules, ou a passer le diplôme qu'il faut pour exercer le métier qui constitue la base de leur rémunération.
Sinon je suis tout à fait d'accord avec Piero quand il affirme qu'il y a une grosse part de clientèle aujourd'hui qui attend qu'on la prenne par la main, pour l'accompagner dans de la découverte de la montagne. Le SRN à mon sens, constitue une activité à très fort potentiel de développement. Maintenant ce sont les professionnels qui font défaut, pour répondre à ces besoins de retour à la nature.
La dedans, c'est l'offre qui va créer la demande, et face à l'immobilisme des moniteurs de ski qui passent leur vie sur les domaines alpin, je ne peux qu’espérer une qualif SRN pour les AEM.
Car oui la qualité de l'accompagnement a bien plus de valeur que la technique en ski. Maintenant ça n'enlève rien au fait qu'il y a un minimum de technique à aborder, ne serait ce que parce qu'un AEM planté dans un arbre avec une luxation du genou: va accompagné beaucoup moins bien.
Ne serait ce que parce que les paramètres psychologiques, ont plus d'importance dans la progression, que les vrais paramètres techniques. Et qu'à ce titre là un AEM, qui n'est pas à l'aise sur ses planches, ne va pas mettre en confiance certains de ses clients qui en ont besoin.
Ne serait ce, parce que si c'est un client qui t'apprends comment réussir à te dépatouiller dans telle ou telle situation, c'est pas grave, c'est toujours intéressant d'apprendre de ses clients, mais si c'est récurrent, ça ne fait pas très professionnel. Ce n'est pas confortable pour l'AEM, et ça ne donne pas une image optimale de l'activité pour le client.
Sur le matériel:
J'ai déjà du dire sur ce forum que la progression en ski, c'est 90% d'auto-conviction (facteurs psychologiques) et 10% de technique. Le bon matériel a une importance capitale, pour influer sur les 90% qui participent à trouver le plaisir.
Attention à l'auto-conviction qui peut être mal placé: si je suis 100% convaincu que ce que je fais est optimal, alors que je me fourvoie complètement: je prends le risque de ne pas progresser idéalement.
Allez pour être plus juste, pour progresser en ski ou faire progresser en ski: en montée comme en descente je propose:
Un 10% de technique, 60% d'auto-conviction et 30% de bonne remise en question.
Le graal dans les pourcentages n'existe pas, il est à géométrie variable selon les profils des sujets (débutants, confirmés, dramatiquement auto-convaincu ou empreints d'une montagne de doute inhibitrice……….), selon la météo, la neige, la fatigue et l'humeur du jour…
Réussir à influer sur les bons dosages, ça demande pas mal de psychologie, des choix de terrains adaptés, et un climat détendu apporté entre autre par les échanges sur le patrimoine et l'environnement traversé.
Familiariser, faire apprécier, éduquer, enseigner, accompagner: participer à la découverte de la montagne en SRN: c'est un beau métier qui manque cruellement de professionnels aujourd'hui !!!