Salut Régis,
La solitude… vaste sujet. Déjà, je crois que c’est beaucoup plus facile d’être seule là où il n’y a personne ! Je m’explique. Etre seule dans les rues surpeuplées est terrible, aussi terrible que de vouloir résister à une pâtisserie à laquelle tu n’as pas le droit de toucher alors que tu passes devant cinquante fois par jour… Mais là, personne, aucune tentation, et ça je le savais, et ça faisait partie du trip… Aucune préparation psychique spécifique, tout est histoire de motivation. « Je le ferai ». J’ai l’habitude de pratiquer le sport seule, j’aime le silence, les grands espaces et la liberté. Ca peut paraître « cul-cul » de dire ça comme ça, tout le monde aime la liberté, mais la liberté, la vraie, implique d’être seul. Au départ j’avais fait une recherche de coéquipier et puis peu à peu j’ai abandonné l’idée, pour vivre pleinement et complètement mon périple. Et je n’ai aucun regret…
Et puis une fois là bas (enfin… là haut), j’avais l’esprit tellement occupé par tout ce qu’il faut mettre en oeuvre afin de me maintenir dans des conditions de confort acceptables que les heures tournent sans s’en rendre compte. La discipline personnelle est aussi indispensable qu’un couteau. J’étais bien, je pense pouvoir affirmer que je n’ai jamais eu ne serait-ce que 10 minutes de cafard. J’ai profité du silence, du paysage… Mon mode de vie, ma disposition d’esprit, et mon envie, oui tout ça font que je n’ai à aucun moment souffert d’être seule. J’avais la paix !
Gérer la solitude dans les moments de doute… je crois que je suis très terre-à-terre, donc quand se présentent des situations épineuses, j’essaie de me concentrer et de réfléchir, avant d’agir, je me dis que ça pourrait être pire, je considère que tant que moi, je vais bien, alors tout va bien, que je vais trouver une solution, que quelqu’un chose va survenir et que tout va s’arranger (je pense au moment où j’ai explosé mon brancard…). Je ne suis pas téméraire ni casse cou, je n’aime pas me mettre en danger, et je ne pense pas l’avoir fait, à aucun moment. J’ai une certaine expérience de la montagne, des efforts longs aussi, solitaires, du froid et de la neige, je crois que j’ai appris à relativiser. Et puis, sans fausse modestie, j’ai tellement pensé à un tas de détails déjà avant de partir, je me suis confrontée en imagination à tant de situations avant même de chausser les skis, que je suis partie sereine… et le suis restée. Mes différents voyages, longs, à vélo, à travers l’Asie ou ailleurs, dans des situations précaires ou difficiles m’ont appris à relativiser aussi, et la chose primordiale là haut est de ne pas se faire mal et de ne pas tomber malade. Et puis le fait d’avoir avec moi un téléphone satellite (prêté par la société iec-telecom) a été grandement rassurant.
Je reste à ta dispo.
A plus