Avalanches, connaître et comprendre pour limiter le risque

François Sivardière, l'ex-directeur de l’Agence Nationale pour l'Etude de la Neige et des Avalanches (Anena), présente, dans cet ouvrage, les dernières études sur le phénomène « avalanche ». Il décortique et explique les méthodes qui ont fait leurs preuves et permettent d’analyser et de prendre des décisions sur le terrain.


Ce sujet de discussion accompagne la publication sur https://www.skirandonneenordique.com/actus-outdoor/avalanches-connaitre-et-comprendre-pour-limiter-le-risque

Cette avalanche dans les Bauges est un très bon exemple, les skieurs évoluaient sur une pente douce, mais la pente au dessus d’eux était plus forte, et c’est par leur passage sous cette pente qu’ils ont déclenchés l’avalanche qui a ensevelit un de leur compagnon: avalanche Bauges

Article du Dauphiné Libéré du 07/04/10
Selon l’Association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches (ANENA) basée à Grenoble, 38 personnes ont trouvé la mort en France dans des avalanches depuis le début de l’hiver, contre 35 sur la totalité de la saison dernière. Alors que la saison de ski de rando, raquettes et ski de randonnée nordique bat son plein, le phénomène inquiète les spécialistes. Décryptage.
Dans un rapport-étude établi il y a quelques années, les secouristes isérois du PGHM et de la CRS des Alpes ont montré que, contrairement aux idées reçues, une part importante des accidentés en montagne se situait dans une tranche d’âge supérieure à 40 ans, et que, pour la plupart d’entre eux, il s’agissait de pratiquants réguliers et expérimentés. Loin de l’image type véhiculée par les grands médias -celle de victimes incompétentes, insouciantes, mal équipées et sans expérience- cette réalité peine à trouver sa place dans l’esprit des pratiquants eux-mêmes. La terrible journée de lundi -cinq morts en Haute-Savoie et en Isère (lire en page 3)- est malheureusement une illustration de cette tendance très lourde : toutes les victimes étaient expérimentées. Elles connaissaient bien les pièges de la montagne hivernale. Elles savaient sans doute avant de partir en randonnée que le risque d’avalanche était marqué et qu’un fort vent du nord avait créé d’importantes accumulations de neige sous les crêtes, particulièrement dans les versants placés sous le vent (versant sud, en l’occurrence). Pourtant, l’un des accidents, celui de la combe des Ramays, au Taillefer, s’est produit sur une pente orientée plein sud, dans un secteur situé sous une crête qui ne pouvait qu’avoir encaissé un fort vent du nord…
« L’oeil de la passion »
« En fait, la plupart des personnes expérimentées perçoivent tous ces signaux d’alerte. Mais leur amour de la montagne est tel qu’ils tentent quand même le coup ! C’est quasi irrationnel ! », analyse Dominique Létang, directeur de l’ANENA et ancien secouriste au PGHM.
« Les gens qui ont entre 40 et 50 ans ne voient plus la montagne avec l’oeil du risque mais avec le regard de la passion. Ils font de la montagne depuis 20 ans, ils n’ont jamais eu d’accident. Pour eux, d’une certaine façon, le risque n’existe plus. Et puis un jour, ils commettent l’erreur fatale », explique Sébastien Rigault, qui commande le PGHM de l’Isère.
Conduite à risque
Le nombre important d’accidents en avalanche cette saison (71accidents au total sur le territoire français au 6 avril, pour 69 sur la totalité de la saison 2008-2009) s’explique probablement par le caractère exceptionnel des conditions d’enneigement. En outre, les spécialistes confirment un véritable engouement pour le ski de rando. « Certains jours, les itinéraires classiques de Belledonne sont noirs de monde ! »
De fait, une population de plus en plus importante de skieurs se détourne des domaines aménagés et des pistes-boulevards pour rechercher un peu d’espace et d’authenticité. Et aussi, est-ce besoin de le dire, pour ne pas avoir à payer un forfait… La conduite à risque adoptée par une frange non négligeable de pratiquants perdure donc en dépit des mises en garde répétées. Du coup, la perplexité est grande dans le monde du secours. Comment orienter la politique de prévention pour parvenir à une meilleure sensibilisation ? C’est sans doute le défi des prochaines années.
Denis MASLIAH
Paru dans l’édition 74D du 07/04/2010 (202423462747)
Dauphiné Libéré