http://france.meteofrance.com/france/actu/bilan/archives/2009/enneigement2008?page_id=10775
Voici le bilan de Météo France qui fait le point de l'enneigement de cet hiver par massif o^k
J'ai découvert au hasard d'un lien dans ce bilan saisonnier que les données du CEN du Col de Porte sont consultables en ligne sur ce site
Les tendances sur les 49 hivers d'existence du CEN (augmentation des températures, diminution des hauteurs de neige) sont… terrifiantes.
Positivons …avec ça les organisateurs de la
croisière blanche seront obligés de débaptiser leur
truc …Ca s'appellera la croisière verte .
Quand je pense qu'en 75 on défilait dans Grenoble
en criant : " Verte, verte ,verte : La colline sera verte! "
Bon…Ca fait pas rire en fait : Terrifiant et pour
tout dire, ça fout le bourdon .
C'est clair que ça laisse à réfléchir, d'autant que le col de Porte est un très bon exemple.
Est ce qu'on sait si c'est le cas sur l'ensemble des massifs.
On pense que oui, mais est ce que d'autres études ont été réalisées ?
Pour confirmer l'étude du col de Porte, voici une analyse plus générale sur l'évolution de l'enneigement des Alpes:
Etude du site: Réseau perception du climat.
Les Alpes sont réputées pour leur enneigement abondant et de bonne qualité que viennent chercher des touristes du monde entier. Or depuis une dizaine d’années, la neige n'est plus toujours au rendez-vous. Scientifiques, médias s'intéressent donc à la disparition de "l'or blanc" surtout à basse altitude, en dessous de 1 000 m mais aussi en moyenne altitude entre 1 000 et 2 000 m. Quelle analyse font les acteurs locaux de cette nouvelle donne ? C'est la question à laquelle il est tenté de répondre à partir d'exemples pris en Savoie, région particulièrement intéressante car elle justapose des massifs de moyenne altitude (les Bauges), de haute montagne (Vanoise, Beaufortain, Grandes Rousses…) et des vallées : la Tarentaise et la Maurienne.
La baisse récente de l’enneigement dans les Alpes françaises
La formation de la neige est liée à une condensation progressive en air froid ; elle requiert à la fois une forte humidité et des températures assez basses. Les chutes de neige les plus abondantes s’effectuent entre +2°C et –2°C. La décroissance de température avec l'altitude augmente donc la fréquence des chutes de neige. Dans les Alpes, à partir de 3 500 m, la neige constitue la quasi-totalité des précipitations ; la moitié vers 2 000 m et moins d'un quart vers 1 000 m.
La persistance de neige au sol dépend pour un même massif et à altitude égale, de l’exposition, de la température, de la structure du manteau nival, et de la présence ou non d’un couvert arboré. Dans les Préalpes, la neige recouvre le sol 3-4 mois par an à 1 000 m dans le Chablais et moins de 3 mois dans le Vercors. Dans la haute montagne intra-alpine, plus froide, le manteau tient plus de 6 mois à Val d’Isère (Haute Tarentaise), presque autant à l’Alpe-d’Huez et 4 à 5 mois, vers 1 500 m, en Briançonnais et en Queyras. En dessous de 900-1000 m le manteau est sporadique et indigent alors qu'au-dessus de 2000 m il se maintient toute la saison froide. A échelle fine, la tenue du manteau nival dépend aussi de l'exposition au soleil et au vent. Les contrastes de versant opposent l’adret ensoleillé et l’ubac où le soleil est rare en hiver. Enfin, le vent redistribue la neige fraîche depuis les crêtes ou les croupes vers les creux topographiques. L'épaisseur observée peut donc s’éloigner sensiblement de la simple épaisseur cumulée des chutes. Au total, un enneigement moyen est assuré à partir de 1 200 m en hiver (décembre à avril) dans les Alpes du nord. Cette limite permet en principe les activités touristiques liées à la neige.
Les montagnards observent une baisse générale de l’enneigement moyen en basse et moyenne altitudes où il pleut plus qu'il ne neige. La presse (Le Monde par exemple) se fait l'écho de ce constat depuis une dizaine d'années. Le 16 janvier 1990, M. A. Rendu titre : « Privées de neige et incapables d’attirer une nouvelle clientèle. Les stations de ski en panne". Le 27 décembre 1996, C. Francillon propose un article sur « Les stations de moyenne montagne sauvées par le retour de la neige ». Le 2 janvier 1998, parait « Moins de neige à basse altitude » où le réchauffement global est explicitement rendu responsable de la baisse de l'enneigement. Le 3 février 1998, P. le Hire récidive dans « Plus de gaz à effet de serre égal moins de neige dans les Alpes et les Pyrénées ». Le 25 janvier 2001 P. Revil écrit : « jamais l’or blanc n’a aussi bien porté son nom. Et la menace de le voir plus rare, pour cause d’effet de serre, ne peut qu’en accroître la valeur » dans un article intitulé « Les stations de sports d’hiver des Alpes redoutent le réchauffement climatique ».
Les scientifiques parlent d’un réchauffement inquiétant du climat qui pourrait atteindre 2 à 6°C au milieu du XXIe siècle. A ce jour, l’année la plus chaude depuis 1860 a été 1998, et neuf des dix années les plus chaudes sont postérieures à 1990. La tendance des températures moyennes annuelles planétaires est établie à +0,6 ±0,2°C/siècle avec une confiance supérieure à 99% (IPCC, 2001). Ce réchauffement n'épargne pas la France. Les températures minimales (de +0,7 à +1,7°C/siècle) se sont plus réchauffées que les maximales (de -0,1 à +1,3°C/siècle). Le réchauffement est maxi dans le sud-ouest du territoire. Dans les Alpes, les minimales et les maximales sont en hausse moyenne de + 1°C. Cette tendance transparaît dans les années récentes : en 2000, + 2 à 3°C en Savoie, en 2001, +4°C en Haute Savoie. De plus, l'IPCC annonce que le pire reste à venir avec une hausse en Europe entre + 1,5 et + 4,5°C, chiffre (3°C en 2100) confirmé par Météo France.
Le réchauffement planétaire mesuré depuis 1880 n'excède pas, pour le moment, la variabilité climatique naturelle (variabilités pluriséculaires type Petit Age de Glace, variabilités pluridécennales type Oscillation nord-atlantique). La hausse récente des températures est donc avérée, mais au-delà de quelques décennies, les scénarios sont incertains. Y-aura-t-il encore de la neige dans les Alpes dans 50 ans ? Le Centre d’Études de la Neige de Grenoble tente d'établir des scénario prospectifs malgré le manque de longues séries stationnelles de données (col de Porte à 1320 m depuis 1960) et l'hétérogénéité du manteau.
Le manteau neigeux d’une hauteur de 1,5 m en 1960 fin février passe à moins de 1 m en 2002, soit - 50 cm en 40 ans et une baisse moyenne de 0,6 cm par an ! De plus la neige reste moins longtemps au sol.
Le réchauffement attendu de l’ordre de 2°C en hiver influencera l’enneigement des massifs montagneux, surtout en basse et moyenne altitudes. A haute altitude (au-dessus de 2 500 m environ), les conditions futures seront suffisamment froides pour que l’enneigement ne soit touché qu’à la marge : début un peu retardé, fonte légèrement plus rapide (une douzaine de jours en moins) et encore, puisque le couvert neigeux à cette altitude sera en moyenne plus conséquent qu’aujourd’hui. En revanche, en dessous de 2 500 m les températures moyennes seront « trop » douces, la pluie remplacera la neige et le manteau sera éphémère. C'est ce qui est observé actuellement : augmentation des chutes de neige en haute altitude et diminution en basse altitude.
A l'échelle des massifs, les prévisions du CEN sur l’enneigement s'appuient sur des simulations numériques (modèle CROCUS-SAFRAN) divisant les Alpes en 23 massifs "homogènes du point de vue nivologique". La situation moyenne actuelle à 1 500 m montre que l’enneigement est fort dans les Préalpes du nord (plus de 170 jours par an) et diminue en allant vers les massifs internes et le sud-est (avec 140 à 100 jours par an). La simulation à la même altitude en 2030 pour une hausse thermique de 1,8° C présente une diminution de longévité du manteau de l’ordre d’un mois et une réduction d'épaisseur de l'ordre de la moitié.
Les Alpes du sud, du Dévoluy au Queyras accusent une diminution de 30%, les trois massifs les plus méridionaux (Alpes azuréennes, Ubaye, Mercantour) une diminution de plus de 40%. En Savoie, la baisse n'est que de 20 à 25%. En Vanoise et Haute Tarentaise, la durée moyenne d’enneigement à 1 500 m, passera de 162 jours par an en 2002 à 125-130 jours en 2030 soit une perte de plus d’un mois ! L'arrivée tardive des chutes de neige et la fonte plus précoce réduira la saison de mi-décembre, voire fin décembre, jusqu’à début avril. Ces moyennes n'excluent pas, en 2030, à 1 500 m, des saisons hivernales dépourvues de neige jusqu’en janvier et à partir de mars. Les conséquences économiques seront très sévères, si la neige manque pendant les vacances scolaires. Les hivers 2001 et 2002 ont préfiguré ce qui sera « banal » en 2030-2050.
Outre la durée d'enneigement, la remontée de la limite pluie-neige lors des précipitations peut brutalement faire fondre le manteau neigeux. A titre d'exemple le 6 janvier 2001, cette limite pluie-neige a atteint près de 3 000 m d’altitude ! Or, quand les températures sont douces, les chutes de neige en haute altitude sont plus abondantes mais seule la haute montagne s’enneige. Ainsi, le 6 mai 2001, la hauteur de neige mesurée par la station automatique Nivôse à 2 940 m dans les Écrins dépasse 5,30 m : c’est le record depuis sa mise en service en 1983. Cette mesure ponctuelle concrétise un fait général : un enneigement de haute montagne rapidement important en octobre et qui s’accroît ensuite régulièrement jusqu’à début mai. Les cumuls « 2001 » figurent parmi les 2 ou 3 plus fortes valeurs enregistrées depuis 40 ans, les années de référence étant souvent 1977 et 1978. A Chamonix, le cumul de 1 067 mm représente même un record depuis 1935 (CEN).
La durée d’enneigement, qui va diminuer de 25 à 30 % à 1 500 m d’altitude d'ici 2030 en Savoie, sera manifeste en début et fin de saison. En adret, le manteau neigeux n’atteindra 20 cm qu'un an sur deux, entre début janvier et début mars ; c'est-à-dire que les domaines de moyenne altitude n’ouvriront qu’une année sur deux au coeur de la saison ! Aux Aillons, par exemple, les pistes les plus élevées du domaine skiable ne seront enneigées qu’une année sur deux et bénéficier de 40 cm de neige supposera d'attendre début mars ! Ce constat concernera toutes les stations de moyenne altitude en Savoie, excepté Val d’Isère et Val Thorens.
En ubac, la situation sera moins catastrophique. L'enneigement atteindra 20 cm sept années sur dix en 2030 à 1 500 m de janvier à fin mars, 40 cm fin janvier et février. Actuellement la neige est toujours présente en février, en ubac à 1 500 m alors qu’elle manquera, en 2030, 1 année sur 3 ! Le site nordique de Peisey-Nancroix devra réduire sa durée d'activités. Les domaines de Villaroger ou de Montchavin–Les Coches subiront les effets inquiétants du manque d’enneigement, en contrebas de leur domaine.
En conclusion, la baisse de l’enneigement en basse et moyenne altitudes dans les Alpes et notamment en Savoie, est une réalité. Même si cette baisse, depuis le début des années 1990, reste contestée quant à son origine par certains scientifiques, les chercheurs de Météo France et du CEN l’associent depuis 5-6 ans, au réchauffement du climat planétaire. Il ne fait plus aucun doute que la hausse thermique va s’accentuer dans les décennies à venir : un réchauffement global inégalé influencera l’enneigement des Alpes françaises en dessous de 1 800-2 000 m. Sachant qu'avec 10-20 cm de neige, on obtient un "effet blanc", qu'avec 20 à 40 cm de neige, les conditions sont « acceptables » pour diverses activités, et qu'au-delà de 40 cm elles sont « optimales »…
Régis Cahn a écrit:
C'est clair que ça laisse à réfléchir, d'autant que le col de Porte est un très bon exemple.
Est ce qu'on sait si c'est le cas sur l'ensemble des massifs.
On pense que oui, mais est ce que d'autres études ont été réalisées ?
J'étais allé il y a quelques années à une conférence présentant le laboratoire du Col de Porte, les instruments qui s'y trouvent, et ce qu'on en tire.
Pour résumer…
Le Centre d'Etude de la Neige du Col de Porte n'a pas d'équivalent en France (et quasiment pas dans les autres pays). C'est le seul à fournir des données aussi précises sur une aussi longue période.
Les tendances observées au Col de Porte sont confirmés (avec des données de moins bonne qualité) par les autres stations météo des Alpes Françaises. Globalement, les météorologues constatent, sans pouvoir encore l'expliquer, que le climat se réchauffe plus en hiver qu'en été, et plus en montagne qu'en plaine.
Le données recueillies au Col de Porte ont permis de mettre au point le modèle numérique CROCUS.
Ce modèle peut calculer l'état du manteau neigeux en fonction de certains paramètres (température, précipitations, hygrométrie, vent, ensoleillement….
C'est ce modèle qui a servi à établir les différents scénarii "combien y aura-t-il de neige dans tel massif, à telle altitude si le climat se réchauffe de tant de degrés" qui sont détaillés dans l'article cité par timon73.
Ok, mais est ce que les stations nivoses permettent de recueillir des statistiques (évidement moins complètes) et si oui depuis combien de temps ?
Un jour le ski de rando nordique s'appellera ainsi à cause des lieux de pratique et non plus du type de pratique. :roll:
Régis Cahn a écrit:
Ok, mais est ce que les stations nivoses permettent de recueillir des statistiques (évidement moins complètes) et si oui depuis combien de temps ?
La réponse courte et honnête est "je ne sais pas".
Si j'essaye de deviner…
Je lis régulièrement les bilans saisonniers publiés sur meteo.fr, mais je ne crois pas avoir vu de statistiques exploitant les séries de résultats d'une même station NIVOSE sur plusieurs années.