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Chronique d'un sabordage à Montagnes Magazine:
Depuis plusieurs années, la rédaction de Montagnes Magazine fait tout son possible pour préserver la qualité de ce titre de référence dans la presse montagne, tandis que les dirigeants de la société Nivéales ne cessent de limiter ses moyens.
La dégradation des conditions de travail, les retards de paiement de nombreux collaborateurs, et la multiplication des ardoises sont devenus d'autant plus injustes et incompréhensibles que notre titre a su garder la confiance de ses lecteurs et des ventes pérennes dans l'univers très dégradé de la presse. Notre magazine réalise les meilleures ventes en kiosque des éditions Nivéales, dont il reste de loin le titre le plus rentable. Sa contribution (recette moins charges) moyenne annuelle à la prospérité de l'entreprise représente plus de deux fois la masse salariale de la rédaction et quatre fois le meilleur bénéfice annuel de la société ces cinq dernières années.
Traversant des difficultés financières sérieuses suite à des investissements hasardeux dans des opérations de prestige se traduisant en fiasco, les dirigeants de la société Nivéales, Jean-Pierre Roger et Pascal Maltherre, ont décidé d'en demander encore un peu plus à la "vache à lait", quitte à la faire mourir. C'est ainsi que notre rédacteur en chef se voit convoqué pour un licenciement à "motif économique", sans remplacement, et que notre secrétaire de rédaction se voit sommée d'accepter 63% de travail en plus !
Cette réorganisation brutale réalisée sans le moindre dialogue social va porter atteinte à la qualité éditoriale de notre magazine et traduit un profond mépris de nos lecteurs et du métier de journaliste. Elle s'inscrit dans une logique d'élimination des représentants du personnel. Parmi les quatre rédacteurs en chef que l'on projette de licencier, deux sont des élus du comité d'entreprise. Ils sont aussi les animateurs des titres les plus rentables de la société…
La rédaction ne peut plus rester silencieuse face à ce sabordage de Montagne Magazine, car nous pensons qu'il n'y a pas d'avenir pour la presse sans un journalisme de qualité.
A grenoble, le 8 avril 2010
La rédaction de Montagne Magazine
Philippe Descamps, Brigitte Luttiau, Olivier Moret, Manu Rivaud, Leila Shahshahani
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On se souvient tous du très bon AlpiRando, qui aurait été aujourd'hui le magazine le plus a meme de parler de ski de randonnée nordique…
Les éditions Nivéales ont aussi le magasine TREK, affaire à suivre donc… Surtout que je trouve les magazines gratuits en lecture sur internet, d'un format vraiment pas pratique… on feuillette pas un mag sur le net, comme celui en papier! Après la solution est peu etre comme le magazine Carnet d'Aventure, qui est un magazine participatif, donc avec beaucoup moins de frais de fonctionnement… mais dont l'objectif de rédaction est diffèrent…
ITW du rédacteur en chef de Montagnes Magazine (enfin l'ancien rédac…
ITW de: La Voix des Allobroges du 16/04/2010
Les actionnaires des éditions Nivéales viennent de licencier cinq rédacteurs en chef, dont Philippe Descamps. Viré de Montagnes Magazine, il défend son métier dans la Voix.
Depuis le 12 janvier, les éditions de Nivéales, qui publient notamment Montagnes Magazine, sont en procédure de sauvegarde. Pour faire face à ces difficultés financières et tenter de retrouver des résultats positifs, les actionnaires des éditions grenobloises viennent d'annoncer le licenciement cinq des huit rédacteurs en chef des magazines du groupe. A travers cette « réorganisation brutale réalisée sans le moindre dialogue social », la rédaction explique ne plus pouvoir « rester silencieuse face à ce sabordage de Montagnes Magazine », ajoutant qu'elle « a fait tout son possible pour préserver la qualité de ce titre de référence dans la presse montagne, tandis que les dirigeants de la société Nivéales ne cessent de limiter ses moyens ». Nous avons rencontré Philippe Descamps, rédacteur en chef de Montagnes Magazine, qui vient d'apprendre son licenciement.
Philippe Descamps, comment avez-vous réagi à l'annonce de ces licenciement ?
Depuis plusieurs années, la stratégie fait défaut à nos yeux. Ce plan témoigne d’une méconnaissance des actionnaires de la manière dont sont conçus et vivent leurs magazines. C’est un mépris incroyable pour notre métier de journaliste !
Les journalistes de la rédaction dénoncent une logique d'élimination des représentants du personnel. Pourquoi ?
Sur 67 salariés, cinq personnes sont promises à un licenciement. Un reclassement est déjà profilé pour une personne, il en reste quatre, dont deux représentants du personnel qui dirigent les titres les plus rentables de la société… Il y avait, semble-t-il, urgence à éliminer les personnes capables de porter une autre vision du métier.
En ce qui vous concerne, doit-on également chercher un lien du côté de vos contributions et de vos prises de positions régulières dans les colonnes du Monde Diplomatique ?
Comme je l’expliquais dans mon dernier édito, la rédaction revendique un triple engagement : une immersion dans notre milieu, le journalisme comme métier et outil d’éclairage des citoyens, le refus de la posture de l’observation pour le choix de la confrontation des idées, voire de la mobilisation sur des causes essentielles pour la montagne. Nous défendons le pluralisme des idées. Nous avons des amis et lecteurs d’origines et de convictions très diverses, même si nous n’avons pas beaucoup d’amis dans le monde des bétonneurs… Certains pensent qu’il faudrait être consensuel pour ne vexer personne, aller dans le sens du vent et flatter les puissants. Nous sommes convaincus au contraire que les lecteurs attendent d’abord et avant tout des informations fiables, un professionnalisme dans l’information et un regard critique sur le monde qui leur permet de se faire leur propre point de vue. Il est clair que mes convictions de citoyen ne sont pas partagées par mes patrons, mais cela ne nous a pas empêché de travailler ensemble pendant dix ans. C’est davantage notre conception de la presse et surtout de la gestion des ressources humaines qui fait débat entre nous aujourd’hui.
La direction et les actionnaires de Nivéales évoquent les difficultés financières du groupe pour justifier cette réorganisation, tandis que la rédaction parle de sabordage. Que se passe-t-il concrètement ?
Avec sa ligne éditoriale se revendiquant du journalisme, Montagnes magazine fait gagner beaucoup d’argent à la société, et cela est vrai malgré la crise de la presse et la crise économique. Nous acceptons d’être la vache à lait, mais, lorsque celle-ci est menacée, nous sonnons l’alarme. Si les investissements avaient été faits pour conforter les titres rentables du groupe, la société n’en serait pas là. Si on veut sauver la société, il faut s’appuyer sur les titres solides.
La survie de Montagnes Magazine est-elle actuellement menacée ?
À long terme, j’ose croire qu’il y aura toujours une place dans les kiosques pour un titre consacré aux pratiquants de la montagne avec une approche vraiment journalistique. Mais à court terme, les choses sont plus inquiétantes. Il faut toujours espérer pour entreprendre.
Est-il encore possible de redresser la barre à Nivéales ?
Le comité d’entreprise manque malheureusement d’informations et d’expertise pour connaître la situation réelle de l’ensemble de l’entreprise et savoir combien d’emplois et de titres nous pouvons durablement sauver. Il serait nécessaire également de faire une relance éditoriale forte pour les titres dont la ligne éditoriale s’est affaiblie. Il y avait et il y a toujours des ressources humaines importantes dans la société.
Un journalisme de qualité ne devient-il pas de plus en plus inconciliable avec les intérêts de rentabilité des actionnaires qui détiennent les titres de presse ?
Ceux qui recherchent le profit à court terme n’ont rien à faire dans la presse, car ils risquent de faire une petite fortune en partant d’une grosse. Le danger pour la presse vient plutôt à mes yeux aujourd’hui de la recherche d’une influence au travers de la possession d’organes de presse. Cette recherche d’influence vise à servir autant les intérêts économiques que politiques ou symboliques des investisseurs. On l’a vu de manière caricaturale avec Bouygues et TF1, mais ce modèle tend à se généraliser. A mes yeux, il n’y a pas d’avenir pour la presse sans un journalisme de qualité, y compris du point de vue économique.
C'est-à-dire ?
Certains patrons (pas tous loin de là) sont convaincus que toute déontologie est contraire à la marche des affaires. D’un point de vue global, je pense que c’est une erreur. Du point de vue de la presse, c’est une lourde erreur. Il faut une déontologie dans les relations sociales et il faut une déontologie dans l’exercice de nos métiers. Nous avons d’abord et avant tout besoin de conquérir et d’être à la hauteur de la confiance que nous accordent les lecteurs. Pour cela, il faut commencer par respecter les principes fondamentaux de notre profession, à commencer par notre déontologie parfaitement définie dans la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes adoptée par tous les syndicats européens.
Propos recueillis par Mikaël Chambru
La Voix des Allobroges
Tout cela montre hélas, la grande difficulté qu'il y a à être indépendant et libre aujourd'hui.
Cette liberté que nous trouvons encore dans les profondes forêts mais de moins en moins dans le monde totalitaire et dictatorial de l'entreprise et du profit, surtout quand celle-ci oublie les objectifs humains (j'ai horreur du mot, ou du mal social)…
Vive la passion, l'inconscience et la folie.
Vive le calme des grands espaces… loin du monde ploutocrate.