Ben dis donc il démarre fort ce post, en moins de 10 h il y a déjà eu pas mal de caractères pressés sur le clavier.
D'un côté on peut considérer que je mords la main qui m'a formé, même pire, la main qui me nourrit en partie, puisque je n'interviens pas bénévolement au CNSN.
De l'autre plus ça va, plus je me demande ce que je vais faire au CNSN, puisque dans le contexte de la formation, c'est très difficile d'illustrer ce que pourrait être l'activité, dans la mesure où au CNSN on a du mal à envisager que le SRN peut être autre chose que des plaisirs masochistes de légionnaires fan de bivouac dans la neige qui se chargent volontairement de 25kg sur le dos, sans chercher à utiliser une pulka.
Ça s'appelle traditionnellement UF raid, c'est pas pour rien, le raid c'est le gout de l'effort: faut aimer en chier, sinon c'est pas du raid.
Comme le souligne Leiero, les DE ski nordique, ne sont pas spécialement moins bien lotis en matière de formation que les AEM pour encadrer du SRN. En tous cas pour ce qui concerne les connaissances sur le milieu hivernal: formateurs comparables, voir identiques, durée de formation équivalente, contenus similaires.
Un DE ski nordique, qui se lance dans la formation AEM est allégé de l'UF hivernal. Dans l'autre sens il n'y a pas de réciprocité, tu repasses tout: c'est pas drôle, mais c'est un moyen comme un autre de renflouer les caisses du CNSNMM.
Oui le ski de fond prend le bouillon, et on pourrait récolter 18 globes de cristal d'ici aux prochains JO, que le ski nordique ne pourrait pas prétendre à entrer dans la culture sportive française. Même si les clowns de l'équipe magazine venaient à aduler Fourcade avec autant de ferveur que Zlatan, ça ne changerait guère la donne. Pour que le ski nordique puisse être intégré comme élément d'une culture, il faut que l'ensemble d'une population soit au contact de la neige, et ait la possibilité de pratiquer de façon plus ou moins régulière.
C'est le cas en Scandinavie, on peut considérer que c'est le cas dans le Jura, et malgré une géographie à peu près favorable et une icône comme Cologna ce n'est pas le cas en Suisse: territoire trop alpin.
J'en profites d'ailleurs pour glisser que même en Scandinavie, les cours de ski de fond ça ne fait pas vivre grand monde. Là bas tout le monde skie, mais personne ne prend de cours, il y a beaucoup de scandinaves qui skient comme des luges à foin, mais ils s'en foutent, car avant tout le ski nordique c'est un moyen de déplacement agréable, qui te permet de prendre un grand bol d'air dans un environnement naturel préservé.
Chez nous c'est à peu près la même chose, il y a un volume assez conséquent de pratiquants: les débutants prennent parfois un peu de cours pour réussir à se dépatouiller, et après si tu n'as pas d'objectifs sportifs, ben tu vas te balader tout seul en skiant du mieux que tu peux. Pour les fans de ski de fond sportif, tu vas en club c'est moins cher.
Pourquoi un AEM serait il mieux placé qu'un DE ski nordique pour encadrer du SRN?
Parce qu'un AEM est contraint de cultiver un certain sens de l'observation de la montagne, il ne peut se vendre que là dessus, car en théorie, à partir de 1 ans tout le monde est plus ou moins apte à la marche.
Pourquoi un DE ski a du mal à se projeter en tant qu'encadrant de SRN?
Car il est formaté pour penser que son sport noble, tire sa noblesse de part la complexité de sa technique.
A Prémanon, tu es sélectionné sur tes aptitudes techniques et physiques, une fois que tu y es entré, tu bouffes tellement de technique, et si peu d'autre chose, qu'à la fin tu sors convaincu qu'être moniteur de ski, c'est un peu comme docteur en kinésithérapie appliqué à la glisse nordique: ce qu'il faut pour les gens ce sont des exercices de placement, d'équilibration, de la correction d'angles d'inclinaisons des membres, de l'alignement de segment. Ton métier pourrait prendre place dans un tunnel réfrigéré, que tu penserais encore que c'est ça qui est bon pour les gens.
Le vrai problème des DE ski nordique, c'est que les vacanciers ne se rendent pas compte à quel point le monde de la technique en ski nordique est un monde formidable!!! :-? :-? :-?
Alors comme il y a trop peu de monde pour adhérer à ce concept, la majeure partie des DE ski nordique bossent en ski alpin pour gagner leur pain et ça c'est très rémunérateur. Mais faut bien comprendre que c'est pas leur faute aux DE ski nordique, si les clients ne les comprennent pas. Ben oui, ils font chier tout ces gens qui réduisent cette si noble activité, à de la balade sans prise de tête, sur des tracés sécurisés. Ils skient mal et ils s'en foutent, c'est scandaleux.
Aujourd'hui sur un massif comme le Jura, il n'y a pas plus de 10 à 12 moniteurs de ski nordique, qui vivent exclusivement de la vente d'activités nordiques.
Pourtant à Prémanon on forme encore 50 moniteurs par an, c'est le seuil fatidique, en de ça la formation n'est plus rentable.
Si le but est que chaque moniteur de ski nordique vive du nordique: 50 c'est énorme, c'est 49 de trop dans le contexte actuel du ski nordique.
Si demain les moniteurs de ski nordique ouvraient les yeux sur le fait que ce qui est beau en nordique c'est pas tant le ski sous son approche technique, que le plaisir de glisser, de s'évader léger dans la montagne, alors ce post serait hors sujet, et les AEM ne pourraient prétendre à accompagner en SRN.
Mais avant d'en arriver là ya du boulot.
C'est pour ça que ça me plairait qu'il y ai une qualif SRN à l'AEM. Ça serait tellement plus simple et efficace pour démocratiser le SRN.
Car même un Piero qui disait hier qu'il n'était pas intéressé par la démocratisation du SRN, devient très vite intéressé s'il pouvait être économiquement concerné. En tous cas il est 200 fois plus réactif que nombreux de ses amis qui sont à la fois AEM et DE ou BE ski. Quand ils sont en ski, ils sont en ski pas en montagne.
Pour répondre à Ducky: c'est l'offre qui crée la demande. Quand j'ai adopté le nom commercial Evasions nordiques, il y a 4 ans à Métabief (temple jurassien du ski alpin), pour vendre du SRN, tout le monde me prenait pour un clown. Les écoles de ski à Métabief font 95% de leur chiffre d'affaire en alpin, avec plus de 80% de Be nordique dans l'encadrement.
Dès le premier hiver, j'avais suffisamment d'activité pour ne faire que ça. Dès le deuxième on était deux, aujourd'hui on est 3. Certes on vend aussi du fond et de la raquette pour compléter, mais il y a des jours où on hallucine sur la demande en SRN.
Hors vacance mercredi, il y a 3 semaines: 35 personnes encadrées sur 3 sorties demi journée par les deux collègues, pendant que je jouais avec 9 autres personnes en itinérance à l'autre bout du massif.
Dans les 35, il ne devait pas y avoir 2 personnes qui avaient déjà entendu parler de SRN avant les pots d'accueil du WE. C'est pas tous les jours comme ça mais ça fait plaisir, ça laisse à penser qu'il y a un sacré potentiel. Mais pour le moment on ne compte pas sur la station, ni trop sur les offices de tourismes, ni sur GTJ, ni sur nordic France ou ENJ (espace nordique jurassien), ni sur le CNSN, ni sur les écoles de ski locales …. pour faire parler de l'activité.
Nous on cherche désespérément de la concurrence, pour que les gens ne découvrent pas l'existence du SRN une fois arrivé en vacance.
Le lobby rouge est très puissant, il se contre-fou des intérêts du nordique, il s’occupe du ski en général, et les intérêts en ski c'est d'abord en alpin qu'ils se jouent.
Le protectionnisme rouge repose sur l'excellence de technicien du moniteur de ski français. Car oui pour le SNMSF, on dispense à l'ENSA ou au CNSN les meilleurs cours du monde aux meilleurs skieurs techniciens du monde: ya pas de place pour les skieurs polonais, anglais, allemand, autrichiens, encore moins pour les AEM dans les domaines skiables français.
Un des nerfs de la guerre du protectionnisme par rapport aux autres diplômes sportifs français, c'est le statut d'activité à risque, qui se justifie en nordique grace à l'UF raid (ya de l'arva de la co, du déclenchement de secours…
car oui le diplôme permet de faire du SRN, même si tout le monde ou presque s'en fou au CNSN.
Au CNSN ils sont sur la corde raide, par rapport au quota de 50 diplômés par an, si au ministère on s'aperçoit que ce diplôme débouche sur du flan en terme d'activité professionnelle: la formation risque d'imploser.
En même temps au CNSN on forme les AEM, du coup une qualif SRN ça pourrait éviter de renvoyer du personnel qualifié en ski, dans des bureaux de la DR à besançon ou ailleurs.
Si les AEM mettent les pieds dans le plat du SRN, ils ont peu de chances de rentrer sur les plates bandes rouge, mais il y a tout de même un espoir infime.
Personnellement je trouverais légitime qu'il y ai une qualif SRN à l'AEM.
A défaut que les moniteurs de ski prennent le sujet au sérieux, une requête des AEM ça ferait bien mes affaires surtout s'ils y accèdent, ça pourrait redynamiser le ski nordique et même redonner du boulot aux fondeurs sur les pistes, ça pourrait sans aucun doute relancer le volet formation du CNSN.
Le seul obstacle c'est un gros mur rouge, qui n'y comprend rien au nordique, à défaut qu'il concède quelque chose, ils auront au moins entendu parler de SRN pour la première fois.
J'ai déjà discuté le bout de gras d'une spécialisation du diplôme avec l'ancien directeur du CNSN, ainsi qu'avec le directeur de formation. (abaissement du chrono, et des niveaux techniques pour ouvrir des portes à des passionnés de nature, en étant plus exigeant sur leurs connaissances de la montagne).
Pour eux ça semble pas complètement débile, mais c'est trop compliqué à mettre en oeuvre.
Si j'étais pas le seul clown à leur parler de ça, qu'un syndicat AEM ou deux s'y mettait, peut être que ça pourrait devenir moins compliqué.
Enfin blablablabla, demain je pars en WE sur le mont tendre alors bonne nuit.
PS gervais, le SRN n'est pas nouveau, c'est le ski premier, sondre norheim skiait avec des epoch voir des annums en bois, et les limites entre le SRtélémark et le SRN sont certes floues, mais pour le TK on entretient le flou dans les textes entre DE alpin et DE nordique.
Et puis ARVA pelle sonde, c'est pas du lourd, ça peut être indispensable dans du terrain nordique. Une avalanche peut partir dans du terrain à 20° de pente, et on peut même skier au plat pour en ramasser une qui arrive de plus haut.