Sur une île montagneuse.....

Le Vercors est une étape d’entraînement à notre objectif. Avide d’aventure et désireux de découvrir les terres polaires de l’Arctique, notre projet est de partir faire un raid en ski – pulka au Svalbard, au Spitzberg plus précisément. Mais avant cela, nous devions tester nos capacités physiques et mentales, le matériel, la nourriture lyophilisée, et la gestion du bivouac hivernal.


Ce sujet de discussion accompagne la publication sur https://www.skirandonneenordique.com/sorties/sur-une-ile-montagneuse

…bien le récit .J’apprécie le fait que tu n’as pas peur des
« détails » : après tout ça n’est pas un détail de pouvoir
règler le problème " pipi par moins 15° " de façon élégante !
Cela dit quand tu parles du materiel testé qui n’est pas tout
à fait satisfaisant , je suppose que ça ne concerne pas
seulement la bouteille de lait pour pipis nocturne ou le dosage
des lyophilisés ! Tu devrais développer ce point à l’occasion ;
Vous aviez quoi comme système de chaussures/fixation ?
Robert

Bon, je me décide à répondre avec retard à la question « pipi pour les femmes au grand froid » !
Désolée pour la longueur de la réponse …c’est pour cela que j’ai tardé, je savais que ce serait long …
J’ai fait un raid en avril 2007 sur la côte est du SPIZBERG et, comme toi, j’avais réfléchi au problème avant de partir, me doutant bien que ce qui ne posait pas de problème au nord de la SUEDE , risquait d’en poser au SVALBARD ; on est si bien au chaud dans le duvet, avec un nombre de couches isolantes impressionnant, qu’il est difficile de se relever, mais, quand l’envie est là , pas moyen de se rendormir !!!
Ce qui s’est passé d’abord :
J’ai essayé de boire le plus possible dans la matinée et l’après midi, mais en groupe, s’arrêter pour uriner refroidit les autres, et il ne faut pas rester trop éloigné de celui qui a le fusil à cause des ours, surtout sur la banquise irrégulière où on ne voit pas ce qui se passe derrière des monticules de glace ;en tout état de cause il faut garder sur soi un petit pétard d’alarme à goupille ( je ne me rappelle pas du nom exact, mais c’est un petit stylo facile à déclencher et peu encombrant ).
Le soir je prenais un ou deux bols de soupe mais pas de tisane ni d’alcool .
Il faut éviter au maximum la deshydratation, et essayer de connaître la capacité de sa vessie pour répartir au mieux les apports hydriques.
En procédant de cette façon, je pense ne m’être levée la nuit que trois fois en 15 jours .
Le souci, c’est que les femmes sont plus frileuses en général que les hommes, au moins une à deux couches de plus : nous étions deux filles pour huit garçons, et le même ressenti des températures :
Nuits de moins 20° à moins 25 ° en moyenne, mais plutôt ventées, tente MOUNTAIN 25 :
Sur nous la nuit Une couche fine de sous vêtements thermiques haut et bas
Une deuxième couche de polaire stretch haut et bas
Troisième couche : un pantalon et un anorak légers en microloft ( il m’est arrivé de garder en plus le pantalon en goretex par-dessus, mais c’était plus par flemme d’enlever et remettre )
Puis : un sac de couchage en polaire moutonnée et le gros sac de couchage en synthétique ;
J’ai trouvé une solution pour se glisser facilement dans le gros sac quand on est rentré dans le sac en polaire:
J’avais découpé un pare soleil de pare brise aluminisé à la taille exacte du fond du gros sac , mis dans celui-ci ( technique JLOUIS ETIENNE de mettre un matelas isolant DANS le sac de couchage), pas de problème de condensation, et une grande facilité pour pénétrer dans le sac quand on est engoncé dans les couches de vêtements (en dessous un RIGDE REST + un autogonflant PROLITE 4 THERMAREST )
La deuxième fille avait besoin d’une bouillote pour s’endormir, elle n’a trouvé qu’une PLAYTIPLUS empruntée sur place, mise dans un sac en plastique, mais un peu risqué …
Pour la tête une cagoule ODLO fine, une deuxième en polaire stretch par-dessus.
Pour les pieds , j’avais trouvé un système tout à fait satisfaisant , mais assez lourd pour la nuit, que je te détaillerai ultérieurement si cela t’intérresse (pour les mains, je n’ai pas de solution satisfaisante )
En fait, une fois la décision prise de te lever en pleine nuit, il faut sortir de toutes ces couches : un conseil , travaille les abdominaux et les obliques avant le départ, car le simple fait de changer de coté la nuit demande des efforts liés à l’engoncement dans toutes les couches.
Une fois sortie du duvet, j’ai opté pour deux solutions :

  • sortir de la tente : on a vite le réflexe de faire un tour d’horizon pour vérifier l’absence d’ours
    le paysage et les lumières sont tellement féeriques qu’on ne regrette déjà plus de s’être levée.
    S’il y a un fil anti -ours , bien le repérer pour ne pas déclencher l’alarme et réveiller les autres !!!
    En fait, se deshabiller rapidement pour faire pipi, ça va, mais le plus dur c’est de se rhabiller, car il faut bien remettre toutes les couches chacune l’une sur l’autre, sinon on a très vite le ventre glacé à cause du vent surtout, si une couche n’est pas à sa place , et ce n’est pas possible de le faire dans la tente en général.
  • deuxième option, si le vent est vraiment très violent ; faire pipi dans l’abside de la tente, dans laquelle on a généralement déjà creusé une petite fosse à froid pour s’asseoir et se chausser facilement, et donner un coup de brosse en ramenant de la neige sur la petite tache d’urine
    J’ai essayé une fois de faire pipi dans un sac à vent : on est bien protégé du vent mais celui-ci rabat les pans du sac et on risque fort de faire pipi dessus : il faudrait en fabriquer un large vers le bas , et écarter les pans avec batons et pelle(les skis sont en général plantés dans la neige pour tenir la tente le soir ), idée à creuser…
    Ensuite, mes reflexions, pour « la prochaine fois dans le grand nord » que j’attends avec impatience :
  • emporter deux gourdes NALGENE en LEXAN à ouverture large + des « urinelles » en carton ( pharmacie ) ou en plastique ( VIEUX CAMPEUR, EXPE )
    une des NALGENE peut servir de bouillote à quelqu’un si besoin ou de réserve d’eau au chaud dans le duvet ,la deuxième marquée d’un repère jaune ( pour urine ), peut permettre d’uriner directement dans la tente si on peut s’y tenir à genoux , en utilisant l’urinelle.
    C’est tout à fait réalisable, à condition de s’entraîner avant le départ ; s’exercer à retrouver les repères anatomiques au doigt, s’entrainer à uriner à genoux, la NALGENE tenue fermement d’une main, l’autre positionnant l’urinelle, prévoir une petite feuille de papier WC de sécurité en arrière de l’urinelle .
    Bien sur, on peut réutiliser la NALGENE PIPI remplie en bouillote si grand froid, c’est plus rassurant qu’une PLAYTIPLUS.
  • j’essaierai de me fabriquer un autre sac à vent , en forme de poire ou de tipi , peut être avec des tunnels pour y passer les bâtons ( celui que j’avais était simplement un sac pour protéger les plantes du froid, était déjà assez isolant ).
    Une solution satisfaisante pour une bonne hygiène intime est de trouver des lingettes pour hygiène intime en emballage individuel et d’en garder en permanence quelques unes sur soi pour éviter le gel, j’ai utilisé le premier prix carrefour avec satisfaction.
    Etant toujours juste au niveau du poids en soute, j’en avais mis dans les poches de mes deux pantalons portés en cabine ; attention l’intérieur de la pochette individuelle si elle est aluminisée, déclenche l’alarme des portiques, cela doit arriver souvent car le personnel au portique n’a pas cherché plus loin quand je les ai extraites de mes poches !!
    Lis l’excellente rubrique de MNI sur ce site : « comment chier dans la neige »et les commentaires,
    ainsi que la rubrique : « comment remplir son sac à dos » avec les commentaires qui suivent et tu auras ainsi pas mal d’idées pour faire le tour de la question :
    pipi / caca / toilette en randonnée nordique.
    Comme Régis, j’attends vos commentaires et photos au retour, j’espère que le vent ne sera pas trop incisif durant votre périple .